La République fédérale d'Allemagne à la croisée des chemins - Sans séparation des pouvoirs, pas d'État de droit - Partie 1

Portrait de John Locke, peinture
John Locke (1632-1704), philosophe et théoricien de l'État anglais

par K. Mader, mars 2024

Introduction

Les nouvelles idées de John Locke et du baron Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, connu sous le nom de Montesquieu, ont eu une influence considérable sur le développement politique et social en Europe et, plus tard, dans d'autres parties du monde, en relation avec les idées et les théories des Lumières.
Les principes modernes d'un État constitutionnel avec une certaine séparation des pouvoirs et un État de droit se sont imposés après l'indépendance des États-Unis. Les 13 États fondateurs de la côte est des États-Unis ont élaboré une constitution qui s'inspirait de la "Bill of Rights" anglaise du 17e siècle et de la constitution de la "République des Pays-Bas unis". La "République des sept Pays-Bas unis", comme ils s'appelaient eux-mêmes, a été fondée dès 1581, pendant la guerre d'indépendance des Pays-Bas contre les Habsbourg espagnols, qui a duré quatre-vingts ans. Sa constitution n'était toutefois pas un texte constitutionnel cohérent qui régissait l'ordre étatique. De par leur structure d'État fédéral, les premiers Pays-Bas constituaient un modèle approprié pour les États-Unis en cours de création. La Constitution des États-Unis d'Amérique a été adoptée en septembre 1787 et est entrée en vigueur en mars 1789 pour les 13 États fondateurs réunis.

Toutefois, la séparation des pouvoirs n'est que partiellement réalisée aux États-Unis. Au lieu de cela, le principe de "Checks and Balances" a été appliqué, qui a moins pour principe une séparation des trois pouvoirs classiques de l'État qu'une imbrication des pouvoirs avec un contrôle mutuel, comme dans presque tous les États occidentaux actuels. Une séparation des pouvoirs réalisée de manière conséquente est appelée en anglais "Seperation of Powers" ou "Division of Powers". Il convient de noter que la séparation des pouvoirs selon le modèle théorique de Montesquieu n'est pas réalisée de manière conséquente dans presque tous les États. Toutefois, cela est plus clairement mis en œuvre dans certains pays que dans quelques autres, où la justice est au moins indépendante, ce que l'on doit identifier comme une préoccupation centrale sur la base de l'expérience et de la théorie.

On nous explique ou on nous enseigne avec évidence et sans questionnement critique que les États occidentaux disposent d'une séparation des pouvoirs suffisante, qui satisfait pleinement aux principes de l'État de droit. Mais est-ce vraiment le cas ? Qu'en est-il de la République fédérale d'Allemagne à cet égard ? C'est ce que nous allons tenter d'expliquer dans un article en trois parties.

Image de la statue de Montesquieu à Bordeaux
Image : PIXABAY, Kolm-Jany - Statue de Charles-Louis de Secondat -Baron de La Brède et de Montesquieu, à Bordeaux

Partie 1 : Histoire de la séparation des pouvoirs et de l'État de droit moderne

Un regard sur l'histoire de la théorie moderne de l'État

Charles-Louis de Secondat, Baron de La Brède et de MontesquieuNé en janvier 1689 dans un château près de Bordeaux, il fut juriste, écrivain, philosophe et théoricien de l'État et entreprit des voyages dans de nombreux pays d'Europe. Charles-Louis de Secondat séjourna plusieurs années en Angleterre.

Il était un penseur connu de la Époque des Lumières et a été guidé par les idéaux de l'humanisme encore jeune. Il est considéré comme l'un des fondateurs déterminants de la théorie moderne de l'État. Il y décrit la séparation des trois pouvoirs essentiels de l'État pour équilibrer la domination d'une part et les citoyens dominés d'autre part comme un élément fondamental d'un État de droit. Montesquieucomme on l'appelle brièvement, esquisse ainsi un contre-projet à la loi française sur l'égalité des chances. Absolutisme de son époque.

Le Français Montesquieu s'est inspiré de l'Anglais John Locke (1632-1704), qui s'est intéressé de près aux théories de l'État à la fin du 17e siècle. Locke partait du principe que l'abus de pouvoir ne pouvait être empêché que par Le pouvoir gouvernemental ou l'autorité de l'État divisé en plusieurs mains se trouve.
D'abord une Constitution et obligatoire pour tous de la même manière LoisLe gouvernement et le monarque, ainsi que les Séparation des pouvoirs de l'État limitait les pouvoirs du chef de l'État et empêchent le règne de l'arbitraire.

Dans son ouvrage "De l'esprit des lois"En 1748, Montesquieu publia sa théorie de l'État, encore connue aujourd'hui, qui des pouvoirs publics indépendants les uns des autresqui se contrôlent et se respectent mutuellement. Pour ce faire, il analyse tout d'abord trois formes de domination : Démocratie, Monarchie, Despotisme.

Selon la doctrine de Montesquieu, les trois pouvoirs doivent, dans l'exercice de leurs activités indépendamment les uns des autres et ne doivent pas être soumis à des contraintes extérieures. Le site trois pouvoirs de l'État et leurs tâches, la plupart des gens les connaissent probablement encore de l'enseignement scolaire. Ce sont les pouvoir législatif (Législatif), le pouvoir exécutif, respectivement la Gouvernement et administration (Pouvoir exécutif) et les pouvoir judiciairec'est-à-dire les juges ou les tribunaux (Pouvoir judiciaire). Dans un État moderne, la fonction de pouvoir législatif revient généralement au parlement. Les projets de loi sont présentés par le Parlement lui-même ou par le gouvernement pour être discutés et votés.

Quels sont les caractéristiques et les principes d'un État de droit ?

Il s'agira ici de mettre l'accent sur les Séparation des pouvoirs comme un caractéristique essentielle de l'État de droit sont posées. Afin de pouvoir présenter l'importance de la séparation des pouvoirs pour l'État de droit en tant que condition préalable à la stabilité d'un tel État, d'autres fondements d'un État de droit sont également mentionnés et brièvement expliqués dans les paragraphes suivants.
Un État de droit est une forme d'État dans laquelle la structure de l'État vise à limiter le pouvoir de l'État et des organes de l'État grâce aux principes de l'État de droit et dans laquelle les lois sont contraignantes pour tous les citoyens et toutes les institutions, y compris le gouvernement, de manière égale. Différentes caractéristiques et une structure organisationnelle cohérente garantissent qu'il n'y aura pas de glissement vers une Régime arbitrairequi DespotismeLe système d'alerte précoce est un système qui permet d'éviter que les enfants ne se retrouvent dans une situation de détresse.

Il faut veiller à ce qu'aucun groupe de personnes ne puisse obtenir ou se voir accorder systématiquement des avantages par rapport à d'autres, ou encore à ce que certains citoyens soient désavantagés. Seul le respect systématique des principes de l'État de droit peut empêcher l'émergence du totalitarisme et de la dictature.
Il existe certaines caractéristiques incontournables d'un État de droit.
La suprématie du droitDans un État de droit, la loi est au-dessus de tout. Tout le monde, y compris les institutions et le gouvernement, est lié par la loi et doit s'y conformer.

Une constitutionElle régit l'ordre intérieur d'un Etat et fixe le cadre de la législation ainsi que les relations entre les organes de l'Etat et les citoyens.
La protection des droits fondamentaux : les droits fondamentaux sont inscrits dans la Constitution de l'État et constituent la base constitutionnelle. Un État de droit garantit le respect et la protection des droits fondamentaux de tous les citoyens de manière égale. Cela doit s'appliquer tant à la législation qu'à la jurisprudence.

La séparation des pouvoirsUn Etat de droit dispose d'une séparation des pouvoirs. L'exécutif, le législatif et le judiciaire ont des fonctions claires et distinctes et sont séparés sur le plan institutionnel et personnel afin d'assurer un contrôle mutuel et un équilibre des pouvoirs.

Publicité et transparenceUne gouvernance transparente et un accès ouvert à l'information favorisent la responsabilité et le contrôle démocratique du gouvernement.

Pas d'exercice arbitraire du pouvoirLe gouvernement, ses fonctionnaires et toutes les institutions publiques ne doivent pas exercer leur pouvoir de manière arbitraire. Ils doivent au contraire respecter la loi et agir en accord avec la Constitution.

Tribunaux indépendantsL'indépendance du pouvoir judiciaire est une caractéristique indispensable du principe de séparation des pouvoirs et une condition de l'État de droit. Les tribunaux sont indépendants, tant en ce qui concerne leur personnel que leur mode de fonctionnement, tout en étant soumis à la Constitution et à la loi. Une justice arbitraire doit être exclue.

La sécurité juridiqueLes lois sont prévisibles, conformes aux droits fondamentaux de l'Etat et à la conception des mœurs qui prévaut parmi les citoyens. La législation ne doit pas aller à l'encontre de la sécurité d'action et de planification des citoyens de manière déraisonnable. Les normes juridiques ne doivent pas être modifiées fréquemment et de manière imprévisible, afin de garantir la confiance et la prévisibilité dans tous les domaines de la vie. Les lois sont formulées de manière claire et compréhensible, sans laisser de place à l'ambiguïté ou à l'interprétation, et les lois sont appliquées de la même manière pour tous les citoyens lorsqu'elles sont jugées. Les changements ne devraient intervenir que dans des cas exceptionnels et en respectant des périodes de transition appropriées.

C'est le Non-rétroactivitéLes lois ne doivent pas être appliquées rétroactivement afin de garantir que les citoyens ne soient tenus de rendre des comptes que pour des actes qui étaient déjà interdits ou réglementés par la loi au moment où ils ont été commis.

Le droit romain a eu une influence importante sur le développement des systèmes juridiques dans de nombreux pays, en particulier, dans un premier temps, en Europe continentale. Notre compréhension actuelle de la sécurité juridique en est imprégnée. Les autres caractéristiques de la sécurité juridique sont

  • Droit à une procédure régulière - Tout citoyen a droit à une procédure équilibrée, régulière et impartiale devant un tribunal lorsqu'il est confronté à des accusations pénales ou à d'autres litiges. "Cela inclut le droit d'être entendu. Cela signifie que toute personne a le droit, dans le cadre d'une procédure judiciaire, de s'exprimer sur les accusations portées contre elle, de présenter des preuves et de nommer des témoins, ainsi que de se faire assister d'un avocat. Le droit d'être entendu s'applique également à la procédure pénale. Ainsi, l'accusé doit avoir le dernier mot avant d'être condamné, afin qu'il puisse s'exprimer sur les accusations portées contre lui". (https://www.juraforum.de/lexikon/rechtsstaat)
  • Protection juridique et recours - Un État de droit garantit aux citoyens dont les droits ont été violés l'accès à des voies de recours efficaces pour remédier à ces violations et obtenir justice.
  • Proportionnalité - Le principe de proportionnalité signifie que les moyens utilisés par la puissance publique doivent être proportionnés à l'objectif poursuivi. Il s'agit donc de veiller à ce que l'État, dans l'accomplissement de ses tâches et la poursuite de ses objectifs, n'utilise pas des moyens disproportionnés qui ne justifient pas l'objectif ou qui ont des effets secondaires disproportionnés. Le principe de proportionnalité s'applique également aux actions de la police. Les mesures coercitives prises par la police ne peuvent l'être que dans des cas exceptionnels ou sur ordre d'un juge (ibid.). L'action de la police ou d'autres autorités chargées du maintien de l'ordre est soumise à la loi ; les actes arbitraires sont ainsi exclus.

Liberté d'information et d'expression, presse ou Liberté des médias sont également des éléments importants de l'État de droit. Ils permettent aux citoyens de s'informer librement à partir de sources librement accessibles, d'exprimer leurs opinions et leurs points de vue sans craindre d'être persécutés et de porter un regard critique sur les décisions politiques en général, le gouvernement ou la situation dans le pays ou dans le monde. De même, dans un État de droit, les citoyens peuvent diffuser des informations et des opinions à ce sujet. Il n'y a pas de censure et les conséquences négatives sur la diffusion de nouvelles, de connaissances, de savoirs et d'opinions sont exclues, même si elles reposent moins sur des faits vérifiables que sur des suppositions ou des perceptions subjectives. Les limites sont fixées par la loi, mais elles doivent être suffisamment larges pour ne pas porter atteinte au droit fondamental à la liberté d'opinion et d'expression. Il ne doit pas y avoir de censure "par la petite porte" au moyen d'une législation disproportionnée et restrictive. Ces limites peuvent être posées, par exemple, par des affirmations diffamatoires à l'encontre de certaines personnes et des appels à la violence clairement démontrables.

Médias sont tenus à la rigueur journalistique, mais pas à une position particulière vis-à-vis du gouvernement ou de groupes politiques ou sociaux, et ne doivent pas être contraints d'être liés à des opinions. Cela vaut aujourd'hui indépendamment du fait qu'ils appartiennent à la presse écrite ou radio classique, à de grandes maisons d'édition, au secteur public proche de l'État, à de petites entreprises de médias ou à des journalistes indépendants, que l'on trouve aujourd'hui également sur Internet et qui sont souvent les nouvelles ou les médias alternatifs de l'industrie. Les petites entreprises de médias indépendantes ne doivent pas être favorisées par les grandes entreprises de médias, voire les entreprises d'État (en Allemagne, elles sont au nombre de 10). Établissements de droit public) sont désavantagés.

Ces caractéristiques sont fondamentales pour le fonctionnement d'un État de droit et garantissent que le gouvernement et les administrations agissent dans le cadre de la loi et respectent et protègent la dignité, les droits et les libertés des citoyens.

L'époque d'avant l'État de droit, l'intention de Montesquieu

Les principaux objectifs décrits par Montesquieu sont, d'une part, la plus grande liberté politique possible et, d'autre part, l'égalité des chances. Liberté des citoyens et, en outre, les Prévention du despotismec'est-à-dire d'un régime arbitraire, tel qu'il existait de son vivant dans le Absolutisme de la France, mais pas seulement. La période du Féodalisme en Europe, du début du Moyen Âge à une grande partie de l'époque moderne, se caractérisait par une société de classe dans laquelle l'arbitraire ou le despotisme pouvait émaner d'individus isolés, de leurs proches ou de personnes habilitées (par exemple les seigneurs féodaux).

La plupart du temps, aucune limitation ou réglementation de l'exercice du pouvoir n'était prévue, ou alors de manière minime. Les classes dépendantes, comme les paysans, vivaient ainsi en tant que personnes non libres. L'exercice du pouvoir gouvernemental, de la législation, des instructions pour l'emprisonnement et l'interrogatoire (y compris par la torture) jusqu'à la jurisprudence ou la condamnation et les instructions pour l'exécution, pouvait être le fait d'une personne ou d'un groupe, d'un comité. Il en allait de même pour les finances de l'État, qui étaient en général indissociables de la fortune privée d'un régent, de la perception et du recouvrement des impôts ou de la conduite de la guerre. Ce système était complété par un autre système de domination et d'oppression : celui de l'Église.

Cette domination religieuse et l'exercice du pouvoir étaient étroitement imbriqués dans la domination étatique exercée par des régents ou des seigneurs féodaux. Il doit, selon l'idéal de Montesquieu Absence d'abus de pouvoir et l'arbitraire, voire la terreur d'État, soient évités. Cet objectif doit rester valable aujourd'hui pour éviter qu'un État ne "bascule" dans la violence. Despotisme ou totalitarisme d'empêcher l'émergence d'un État. Il n'y a guère de structure étatique qui soit à tout jamais solidement ancrée sur elle-même et à l'abri d'une évolution d'un État de droit garant de la liberté vers un despotisme.

Les révolutions ont mené au nouveau despotisme et au règne de la terreur

Même si cela nous mène un peu loin, il y a une chose qu'il ne faut pas oublier de mentionner. L'histoire et l'époque de l'absolutisme présentées ici ne doivent pas faire oublier une chose : La fin de l'absolutisme et de la féodalité par Révolutions n'a en aucun cas débouché sur une rédemption ou une libération, ni sur un État de droit. La Révolution française de 1789 a ouvert la voie à la grande terreur des révolutionnaires jacobins, après un premier grand bain de sang qui a fait de nombreuses victimes innocentes. Un nom est probablement connu de tous dans le contexte de la tyrannie : Maximilien de Robespierre, qui fut le chef de la Terreur de 1790 à sa mort violente en 1794.

L'enfer de l'arbitraire s'est abattu sur une grande partie des Français à la suite de la Révolution ; sans interrogatoire ni procès en bonne et due forme, on emprisonnait sur la base de simples soupçons ou de l'appartenance à une classe sociale, on exécutait en masse, on menait une guerre extrêmement cruelle contre des régions françaises. On torturait à mort ; le fanatisme et la barbarie étaient indescriptibles. La Révolution a donné naissance à la nationalisme chauvin et La guerre dans toute l'Europe de l'Europe. Et comme un paradoxe de l'histoire, plus tard Napoléon Bonaparte en 1804 comme empereur. Ainsi, à la suite de la Révolution, qui était dirigée contre la monarchie, la France avait désormais, au lieu d'un Königs un Empereur.

La révolution russe ne fut pas moins absurde dans sa suite ; au tsar russe succédèrent l'effusion de sang et l'arbitraire des Bolcheviks et la mise en place de la Union soviétique. Pendant des décennies, cela a été différent de l'époque de la Russie tsariste, mais en mémoire des millions de victimes de cette tyrannie communiste, on ne peut en aucun cas parler d'un meilleur état ou de progrès.

Les révolutions violentes mènent de la misère à la ruine - même si certains les glorifient : elles n'amènent pas un État de droit.

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Il n'y a pas non plus de liberté si le pouvoir judiciaire n'est pas séparé du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. ... Tout serait perdu si un seul et même homme ou un seul et même corps, soit des plus puissants, soit des nobles, soit du peuple, exerçait les trois pouvoirs suivants : promulguer les lois, mettre en œuvre les décisions publiques, juger les crimes et les litiges privés.

  • Charles-Louis de Montesquieu, "De l'Esprit des Lois" (" De l'esprit des lois ")

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La parution de son ouvrage "De l'esprit des lois" a déclenché à l'époque des débats violents et controversés. Le site Vatican a mis le livre à l'index des interdictions. Montesquieu rédigea un mémoire de défense. Le roi de Prusse Frédéric le Grand était attaché à Montesquieu et à son œuvre. Le site L'esprit des Lumières était respecté dans la famille royale de Prusse. Cela avait une histoire personnelle :
Le site Le roi Frédéric II, le Granda eu l'habitude de travailler avec le philosophe français François Marie Arouet Voltaire de 1736 jusqu'à la mort de ce dernier, en 1778, un échange mouvementé, marqué par une admiration et une inspiration mutuelles temporaires, mais aussi par des déceptions et des aversions intermittentes. Voltaire fit de longs séjours à la cour du roi de Prusse. C'est ainsi que les idées des Lumières et les idéaux de l'Empire allemand ont trouvé un écho favorable. Humanisme L'entrée sur le territoire allemand, bien avant la Révolution française et Napoléon Bonaparte avec ses campagnes militaires françaises destructrices à travers l'Europe, qui ont suivi la Révolution et qui, paradoxalement, ont permis à ces idéaux de se répandre par la force, avec des armes, de la barbarie et de la destruction.

La théorie d'hier et la réalité d'aujourd'hui

A l'école, dans les universités ou à d'autres occasions, on nous explique généralement, à nous citoyens, que la séparation des pouvoirs est mise en œuvre dans les Etats occidentaux modernes actuels, qu'elle détermine la réalité politique de nos pays et qu'elle manifeste ainsi l'Etat de droit. Pourtant, si l'on observe la réalité de plus près et si l'on consulte la littérature spécialisée à ce sujet, on découvre une autre image : les pouvoirs ne sont pas séparés, mais interagissent en s'enchevêtrant ou en se combinant, de nombreux responsables d'un pouvoir appartiennent en même temps à un autre pouvoir en union personnelle ou exercent une influence déterminante sur un autre pouvoir étatique.

En s'y intéressant de plus près, on doit se rendre compte que la simple existence des pouvoirs de l'État définis par Montesquieu et la référence à sa théorie ne permettent pas de conclure naturellement à la réalisation de l'égalité des sexes. Séparation de ces pouvoirs publics. Au contraire, si l'on y regarde de plus près et que l'on observe la réalité politique de certains États modernes, on peut être désabusé. Des débats théoriques et académiques ont lieu de temps à autre, la plupart du temps sans que les médias, les citoyens et les établissements d'enseignement y prêtent attention.

Il va de soi qu'une discussion sur ce sujet ne doit pas négliger les facteurs qui revêtent aujourd'hui une importance considérable dans l'État et la société, mais qui n'existaient pas à l'époque de John Locke et de Montesquieu. Il s'agit principalement de

  • les partis politiques,
  • Les médias,
  • les organisations supranationales (par exemple l'UE, l'ONU, l'OTAN),
  • Organisations non gouvernementales (ONG)

et de multiples interdépendances et dépendances internationales.

Tous ces facteurs ont une influence sur la formation de l'opinion publique et, au-delà, sur l'action des institutions publiques. Considérés de près, ces facteurs ont un impact sur l'état de l'État de droit. Leur influence sur le principe fondamental de la séparation des pouvoirs et sur la stabilité de l'État de droit ne peut pas être considérée sans autre comme bénéfique.

De plus, dans presque tous les États européens, nous avons affaire à d'autres particularités, souvent spécifiques à chaque pays, et à des organes ou institutions de l'État qui n'ont pas été inclus par Locke et Montesquieu. Ce qui est important aujourd'hui et qui doit être considéré dans les constitutions modernes des États à structure démocratique, en plus des trois pouvoirs de l'État, ce sont

l'électorat ou les citoyens en tant que souverains, les services secrets, les parquets.

A cela s'ajoute le fait que depuis plus de 200 ans importance croissante des médiasLes médias sont des moyens de communication, d'abord des imprimés, c'est-à-dire des pamphlets ou des journaux paraissant régulièrement, aujourd'hui en grande partie des télémédias (radio) et Internet, dont l'importance ne cesse de croître.

Par rapport au 18e ou au début du 19e siècle, le droit de vote universel et égal est une caractéristique des systèmes étatiques occidentaux modernes. Aujourd'hui, aucun critère de statut ou de propriété n'est appliqué au droit de vote ou à la pondération des voix individuelles. L'électorat n'est certes pas un organe de l'État au sens strict du terme, mais en tant que souverain constitutionnel, les citoyens ayant le droit de vote jouent en théorie un rôle prépondérant dans l'État moderne en tant qu'électeurs.

On peut donc constater que : La structure moderne de l'État, avec ses multiples organes et institutions, ainsi que le développement des médias, ont engendré une complexité croissante par rapport à l'époque du XVIIIe siècle. Toutefois, les principes dégagés par Montesquieu pour les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont toujours valables et ne doivent en aucun cas être affaiblis au point de devenir méconnaissables. L'argument selon lequel la situation actuelle n'est pas comparable à celle d'autrefois et que, par conséquent, la séparation des pouvoirs n'est plus réalisable, n'est pas adaptée à notre époque ou est même superflue, conduit à des représentations dangereuses.

Les dangers qui menacent l'État de droit aujourd'hui

C'est une illusion trompeuse de penser que les États modernes sont dotés de structures d'État de droit solides et stables, fixées pour toujours. Une vigilance et une mise en garde constantes des citoyens sont nécessaires pour éviter de franchir la ligne étroite qui sépare l'état acceptable du despotisme et de tomber dans le gouffre.

Les grands dangers proviennent de la manipulation et du "contrôle de l'opinion" de la majorité, généralement peu informée et crédule. La naïveté de la masse et l'irrationalité habilement créée et exploitée peuvent conduire une société à prendre la mauvaise direction.

Si les citoyens et surtout les membres des institutions étatiques eux-mêmes n'ont pas connaissance de l'État de droit et de la séparation des pouvoirs et n'ont pas envie de se sentir obligés de les respecter, l'État court un danger particulier. Un État moderne a besoin de barrières contre une telle évolution. La principale barrière contre les évolutions néfastes devrait être posée en premier lieu par une division marquée des pouvoirs de l'État.

Les articles suivants traitent en détail des lacunes concernant la séparation des pouvoirs et l'État de droit. Cliquez ici pour accéder à la partie 2 et à 3e partie.

1 Commentaire

  1. Un mot sur les médias et leur indépendance. A ce sujet, le journaliste Hanns-Joachim Friedrichs, décédé prématurément et qui travaillait pour la plupart pour la ZDF, s'est exprimé ainsi devant des étudiants en journalisme lors d'un séminaire : "Ne te fais jamais complice d'une cause, même si elle est bonne" !
    Quel journaliste actuel répond à cette exigence ?
    J. M.

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